Les Grands Voisins : un quartier dédié au Vivre Ensemble

5/05/2017

Un quartier dédié au Vivre Ensemble ? Oui c’est possible…et le site des Grands Voisins en est la démonstration. A Paris, dans l’ancien hôpital saint-Vincent-de-Paul, il accueille des associations et entreprises solidaires, favorise la présence d’artisans et le partage d’espaces de travail, crée un parc public d’un genre nouveau, avec des activités pédagogiques, culturelles et sportives, ouvertes aux résidents, comme aux riverains et aux touristes. Vous êtes curieux, vous voulez visiter ? Nous vous guidons.

Paris, XIVème arrondissement, RER Port Royal : je laisse la Closerie des Lilas sur ma gauche et j’emprunte l’avenue Denfert Rochereau. Cette artère est un lieu de passage. Sur le trottoir des numéros pairs : de grandes façades austères, comme des murailles. Leur immobilité contraste avec le flux incessant des voitures. Puis des plaques apparaissent… Monastère de la Visitation, vitrine du Trocshop et enfin le 82 : l’adresse de l’ancien hôpital Saint-Vincent-de-Paul. L’entrée concentre un mélimélo de visages et d’allées et venues. Des vélos, des piétons et beaucoup de visages… Ici, c’est le visage qu’on regarde et c’est par là que commencent les histoires des Grands Voisins, quelques 1000 hébergés d’urgence où cohabitent des porteurs de projets solidaires, artistiques, entreprenariaux et associatifs. Résultat : 3,4 hectares de solidarité et de parcours de vies partagées.

 

Des gobelets et de l’eau

Je rejoins la « Lingerie », le lieu des verres partagés et des regards croisés. Entre café et cantine solidaire, la Lingerie ne ressemble à rien que je ne connaisse si ce n’est peut-être cette ambiance du quartier de « la ville libre de Christiania » à Copenhague… en plus ordonné.

Un homme s’approche, de petits yeux bleus derrière des lunettes rondes, et un sourire doux qui surplombe une barbe dense. Il me demande si je peux lui donner l’heure car ici tout le monde a quelque chose à donner…

Je prends place autour d’une grande table en bois. Des gobelets et des carafes d’eau et cette phrase de Florie qui m’accueille : « D’habitude, je sers mais vous êtes nombreux donc je vous invite à le faire ». Je n’ai pas soif mais je m’exécute juste pour le plaisir de recevoir. Florie sourit et parle. Sur les Grands Voisins, elle est intarissable.

Dans la pièce d’à côté, les bruits du passage, les bruits des verres, les bruits des mots… les bruits de la vie ensemble.

 

Du bois, des briques et des poules

Je quitte la Lingerie et passe devant la chaufferie, l'orphelinat, la maison des médecins… Ces lieux constituent un espace multiple, dont l’ambition centrale est le bien commun : loger des personnes démunies, accueillir des associations et entreprises solidaires, favoriser la présence d'artisans et de créateurs, partager des outils et des espaces de travail, créer un parc public d’un genre nouveau, avec des activités pédagogiques, culturelles et sportives, ouvertes aux résidents, comme aux riverains et aux touristes.

Partout on s'active, on crée, on travaille. Ici tout le monde se dit bonjour. Même respect. Même considération. Même bienveillance. Nous passons devant un poulailler, un espace de yoga, une caravane d’hébergement, des potagers…

Autant de lieux de vie pour près de 150 structures qui cohabitent dans ces bâtisses du XVIIIe siècle, disséminées sur 3 hectares.

 

Jean-Baptiste, Karine et les autres

Jean-Baptiste est fier. Son sourire est espiègle et ses yeux sont pétillants. C’est un utopiste joyeux. Il préside l’association Plateaux urbains. Son métier : faire le lien entre des espaces vacants, inutilisés et des porteurs d’initiatives à la recherche de locaux. Cette démarche profite évidemment aux utilisateurs, mais aussi aux propriétaires, puisqu’il est demandé, en contrepartie de l’occupation des lieux, de régler le montant des charges. Les lieux inutilisés ne représentent donc plus de coût pour les propriétaires, et sont sécurisés par la présence de leurs occupants. « Avec ce démonstrateur urbain, on renoue avec les utopies. On a tous une envie partagée » affirme-t-il en souriant.

Jean-Baptiste me guide jusqu’au bureau de Karine et son « Jardin chocolaté ». Karine a changé de métier. Hier dans la comptabilité, les tableaux excel et l’informatique, aujourd’hui dans le partage, la passion, l’envie de donner et de créer. Sa voix est douce et elle est calme, peut-être la particularité de ceux qui sont en phase avec leurs valeurs, leur vocation, le sens qu’ils veulent donner à leur métier. D’abord, elle m’offre un chocolat car ici on commence par donner. Après elle parle et je me demande si elle est collègue de Jean-Baptiste, amie, locataire ou voisine. En fait, JB et Karine sont grands voisins. Ils font partie des 70 entrepreneurs solidaires qui occupent actuellement le site tout en sachant que cette adresse est provisoire. « nous assumons le temporaire » dit Jean-Baptiste. Ils devront quitter le lieu au 31 décembre 2017. Ils ont été sélectionnés car ils peuvent apporter quelque chose au projet social. Karine est passionnée. Quand elle parle de son travail, cela parait évident. « Le travail social c’est dans mes tripes. Grâce à la Conciergerie solidaire, je peux me faire aider par des Grands Voisins qui ont besoin de travailler. C’est précieux dans leur circuit de réinsertion. »

 

Et demain ?

L’aventure devait s’arrêter fin 2017 mais la Ville de Pari, a décidé de prolonger l’occupation temporaire pour 26 mois. L’idée, c’est de mettre en place avant le nouveau site une « occupation qui prépare cet esprit de mixité sociale et mixité des activités ».

Car le site a pour objectif d’accueillir d’ici 2023, plus de 600 logements et équipements urbains dans un « éco-quartier »….

 

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